Si l’Etat doit faire face à une situation critique en matière de conservation des archives publiques (volumétries, saturation des sites, programmes de versements de plus en plus complexes, inflation des moyens, hybridation des supports,…), la piste d’orientation lancée en 2018 par le Ministère de la Culture pour renouveler la politique d’évaluation et de collecte des archives publiques a ouvert un vaste débat qui ne retombe pas. En effet, la mise en avant de ce qui a été appelé « les archives essentielles » n’est pas sans poser de questions, car le concept est à la fois insuffisamment défini, mal contextualisé, et renvoie à une approche strictement comptable d’une future politique publique en matière d’archives.
Lancé en 2018, le débat depuis ne retombe pas ; au contraire, les archivistes continuent à s’opposer sur le sujet car ils s’inquiètent des conséquences d’une éventuelle restriction apportée aux politiques de collecte des archives définitives. Ce débat mal engagé pourrait pourtant être l’occasion de se pencher sur les véritables problématiques actuelles comme :
- Articuler amélioration de la qualité de la collecte des archives destinées à être conservées sans limitation de durée et conservation des éléments d’information qui permettent d’assurer les droits et devoirs des personnes morales ou physiques, le tout constituant le matériau de demain pour les historiens ;
- Assister les administrations et collectivités qui font face à une inflation de la production documentaire tous supports, en les aidant à développer des pratiques de gouvernance de l’information numérique orientées sélection, tri et traitement et s’appuyant sur tous les nouveaux systèmes mis en place de gisements de données et de documents (GED, GEC, archivage électronique, …).
A l’heure où les grands débats redeviennent à la mode, il serait bienvenu que celui de la politique publique en matière de conservation d’archives fasse également l’objet d’une concertation publique, d’une mise à plat des problématiques existantes et de recherche d’orientations qui permettront de préserver le bien commun que sont nos archives publiques papier comme numériques.
Caroline BUSCAL
Responsable Serda Conseil